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À Chadeleuf, TSE teste une ombrière avec pilotage intelligent pour suivre les besoins de la plante

Le démonstrateur se situe dans une parcelle en pente.

TSE vient d’inaugurer sa première ombrière pour grandes cultures avec un pilotage agro-climatique des panneaux. L’objectif est de trouver l’optimum entre production énergétique et agricole. Présentation du dispositif.

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C’est au cœur de l’Auvergne, après plusieurs centaines de mètres d’un chemin de terre, que se dresse le nouveau démonstrateur de TSE. L’entreprise d’agrivoltaïsme a installé sa première ombrière pour grandes cultures sur la commune de Chadeleuf dans le Puy-de-Dôme. À ne pas confondre avec une canopée, constituée de panneaux solaires plus hauts (entre 4 et 6 mètres) et suspendus en l’air par des câbles.

L’ombrière d’une puissance installée de 236 kWc est composée de 364 modules, sur 7 rangées, avec un espacement de 15 mètres pour permettre le passage des engins agricoles. Les panneaux, des trackers de 2V, s’orientent automatiquement. « L’axe de rotation se situe à 2,5 mètres et les panneaux ont une rotation de plus ou moins 60 degrés, avec une position de sécurité presque à plat », précise TSE. Des capteurs météo, agricole et mécanique, permettent de suivre et monitorer la structure.

15 % de pente

Ce démonstrateur est situé sur une parcelle d’à peine un hectare appartenant à Hervé Malgat, céréalier sur la commune. Fournir à la fois de l’énergie et de l’alimentation sur une même parcelle, c’est une idée qui a plu d’emblée à l’agriculteur, qui produit sur 90 ha du blé, de l’orge, du colza, du maïs, du tournesol et du lin.

La parcelle a la particularité d’être dans une pente de 15 %, elle est soumise aussi aux aléas de la région, le vent et la neige. Idéal selon le développeur d’énergie solaire pour expérimenter ce produit avant sa commercialisation. Car c’est bien l’objectif de cette réalisation : tester le système de pilotage agro-climatique des panneaux.

Pour cela, TSE a signé un partenariat avec la Chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme et le Ceta Limagne, afin d’expérimenter un protocole agronomique sur 9 ans. Il s’agit d’optimiser le pilotage des panneaux et d’identifier les variétés les plus adaptées à la culture sous ombrières. « L’objectif est de trouver le niveau optimal entre production énergétique et agricole », explique Godefroy Boret, ingénieur agronome chez TSE.

Un pilotage agro-climatique

Quatre types de pilotage sont possibles. Les panneaux peuvent d’abord s’orienter pour protéger la culture des différents aléas climatiques (pluie, vent, gel…) mais aussi pour permettre à l’agriculteur d’intervenir dans son champ. Le troisième pilotage est lié à la plante : le panneau se bride à une certaine hauteur pour ne pas avoir de contact avec la culture.

Enfin, le dernier pilotage s’effectue selon les besoins agro-climatiques de la plante. Godefroy Boret explique : « pour chaque culture, on définit des seuils de luminosité et des températures nécessaires aux stades clés de la croissance de la plante. Puis on détermine un positionnement des panneaux basés sur ces seuils. Si le seuil est non atteint, alors les panneaux se positionnent en mode "zéro ombre" pour optimiser la luminosité et/ou la température du sol et de l’air. Si le seuil est dépassé, alors le panneau se met en mode "ombrage maximal" pour protéger la plante. Ce sont les différents capteurs (météo, capteur de rayonnement solaire, d’humidité, etc.) positionnés sur la parcelle qui remontent des données et permettent une automatisation du pilotage. »

Sur ce démonstrateur, une culture différente sera testée chaque année dans le cadre d’une rotation de cultures classiques pour le secteur. Pour la campagne 2025-2026, ce sera de l’orge d'hiver.

Différentes bandes enherbées seront aussi testées sous les poteaux. (© Terre-net Média)

Pas plus de 10 % de perte de rendement

Des notations sont réalisées – entre la zone cultivée avec ombrière et une zone témoin, située juste à côté du démonstrateur et conduite de la même manière -, sur les stades de croissance, les maladies, la qualité des cultures, mais aussi les rendements. Un élément crucial car la législation sur l’agrivoltaïsme impose une perte de rendements maximale de 10 % par rapport à la zone témoin.

« C’est une moissonneuse-batteuse d’expérimentation qui viendra récolter sur des largeurs de 1,50 m afin de suivre l’évolution du rendement bande par bande, pour mesurer l’impact des ombrières », poursuit l’agronome.

L’entreprise est confiante sur les rendements espérés par le pilotage intelligent. La canopée de Verdonnet, en Côte-d’Or, également en pilotage intelligent, a permis une hausse de rendement en blé de 18,5 % par rapport à une canopée classique.

À Chadeleuf, des essais sont aussi prévus sur les bandes enherbées sous les panneaux. 5 espèces différentes seront testées cette année sur 1 mètre de part et d’autre des poteaux, afin de trouver l’espèce idéale pour permettre une couverture du sol et une non-concurrence avec la culture en place.

Rendez-vous dans un an pour connaître les résultats agronomiques sur la parcelle et avoir le retour d’expérience de l’agriculteur, d’un point de vue technique et conditions de travail.

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